Selon la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde), le handicap est la deuxième cause de discrimination à l’emploi en France. Si le taux d’activité total des 15-64 ans est de 70%, celui des personnes handicapées de la même tranche d’âge est seulement de 44%.
Pourtant, la loi « Egalité des chances » votée en 2005 oblige les entreprises de plus de 20 salariés à embaucher au moins 6% de travailleurs handicapés, mais seule une entreprise sur deux respecte ces quotas. Les objectifs sont encore loin d’être atteints : les salariés handicapés ne représentent que 4,5 % des effectifs dans le privé (pourcentage ramené à 2,7 en équivalent temps plein), quand le public en compte à peine 3%. Faudrait-il donc durcis les sanctions prévues ? Elles ont déjà été durcies en janvier 2010…
« En temps de crise, ce sont les plus faibles qui paient l’addition en premier », affirme Tanguy du Chéné, président de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefisph), une association qui se bat pour faciliter l’accès au travail des personnes handicapées.
Selon une étude du Figaro datant de mai 2010, 55 % des entreprises interrogées n’emploient pas de personnes handicapées. Pire, 84 % d’entre elles n’ont rien prévu, ni accords, ni convention avec les organismes spécialisés.
Pour cette raison, l'Agefiph travaille en partenariat avec différents organismes qui s'intéressent à cette problématique dont les trois principales sont le Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) , dédié à l’accès et au maintien dans l’emploi des personnes handicapées dans le secteur public, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et des personnes handicapées (CNSA) , qui finance et organise l’accompagnement de la perte d’autonomie pour les personnes âgées et les personnes handicapées et Pôle emploi , qui développe l’effort de formation envers les demandeurs d’emploi handicapés. L’objectif est d’associer les entreprises à cette démarche et cela semble marcher : Mc Donald’s finance en partie le site www.hanploi.com, dont le but est de favoriser l’accès au travail des handicapées. De même, Casino vient d’annoncer avoir franchi la barre symbolique des 10% de salariés handicapés, fruit de la politique volontariste en faveur de l'emploi de travailleurs handicapés menée depuis 15 ans par le groupe. Mais la moyenne nationale se situe à 2,9% de travailleurs handicapés dans les entreprises.
Cependant, le taux d’activité des personnes handicapées ne cesse de croître. Le problème se situe donc ailleurs. Selon le président de l’Association des paralysés de France (APF), Jean-Marie Barbier, « le problème ne peut pas seulement être résolu avec des lois. Il faut surtout créer les infrastructures qui accompagnent les handicapés. Si un chômeur possède les qualités requises pour un emploi, mais qu’il n’a pas, par exemple, les transports adaptés pour s’y rendre, ça ne sert à rien ! Au-delà de l’emploi, c’est sur la notion d’employabilité qu’il faudrait engager une réflexion globale.»
A cette notion d’employabilité s’ajoute bien évidemment la question de la formation, qui ne saurait n’être que du ressort de l’entreprise. 82% des demandeurs d’emplois handicapés ont aujourd’hui un niveau inférieur ou équivalent aux BEP/CAP. Le problème doit donc être pris dans sa globalité, sinon les lois actuelles et futures s’avèreront inutiles pour assurer une bonne insertion professionnelle des travailleurs handicapés.